Maîtriser la commande df -h : guide essentiel pour administrateurs systèmes

Statistiques sèches, terminaux clignotants, et serveurs qui ne dorment jamais : la commande df -h s’est taillée une place de choix dans le quotidien des administrateurs systèmes. Face à la croissance effrénée des volumes de données, disposer d’un tableau de bord lisible pour surveiller l’espace disque n’a rien d’un luxe. C’est devenu un réflexe, presque une seconde nature pour qui veut éviter la panne sèche numérique.

Comprendre la commande df -h

Pour celles et ceux qui gèrent des infrastructures, df -h est plus qu’un simple outil ; c’est un compagnon de route pour contrôler l’état du stockage. L’affichage se veut limpide : chaque volume monté sur le système apparaît, avec ses chiffres clés, en format “human-readable”, c’est-à-dire des unités claires et immédiatement compréhensibles. Ce choix de lisibilité change tout quand il faut agir vite.

Quelques repères pour lire la sortie de df -h, et comprendre ce qu’elle vous raconte :

  • Filesystem : le nom du volume ou de la partition analysée.
  • Size : l’espace total alloué à ce système de fichiers.
  • Used : la quantité déjà occupée.
  • Avail : ce qui reste à disposition, exprimé en Go, Mo ou To.
  • Use% : le pourcentage d’espace saturé, pour repérer d’un coup d’œil les volumes sous tension.
  • Mounted on : l’emplacement où ce système de fichiers est accessible dans l’arborescence.

Surveiller ces indicateurs, c’est s’assurer que les serveurs ne dérapent pas sous la charge. Un œil régulier sur df -h permet d’anticiper les goulets d’étranglement, d’éviter les interruptions de service et de planifier les évolutions de stockage avant qu’elles ne deviennent urgentes.

Exemple d’utilisation

Regardons un résultat concret pour mieux saisir l’utilité de df -h :

Filesystem Size Used Avail Use% Mounted on
/dev/sda1 50G 30G 20G 60% /
tmpfs 1.9G 0 1.9G 0% /dev/shm

Dans ce cas précis, la partition principale /dev/sda1 affiche 60% d’occupation, soit 20 Go encore libres. Ce genre de photographie instantanée permet de surveiller l’évolution de l’espace disque, de détecter d’éventuels dérapages et de programmer, si besoin, une extension du stockage avant la saturation. Pour les administrateurs, c’est un outil de pilotage qui évite bien des urgences de dernière minute.

On comprend alors pourquoi df -h s’impose comme un réflexe chez les professionnels de l’informatique. Un simple coup d’œil, et la cartographie du stockage devient limpide.

Utilisation avancée et options de df -h

Le potentiel de df -h ne s’arrête pas à l’affichage classique. Plusieurs options avancées permettent d’aller plus loin dans l’analyse et l’optimisation des espaces de stockage. Selon le contexte, certaines commandes se révèlent précieuses.

Pour surveiller le nombre d’inodes, ces petites structures qui stockent les métadonnées des fichiers, df -i s’impose. Elle dévoile si un volume risque la saturation non pas par la taille, mais par la quantité de fichiers ou de répertoires. Un détail qui compte, notamment sur des serveurs hébergeant beaucoup de petits fichiers.

Besoin de connaître la nature du système de fichiers utilisé ? df -T fournit cette information, ce qui permet d’adapter la gestion selon qu’il s’agisse d’un volume ext4, xfs ou autre. C’est un atout pour affiner la stratégie de stockage, surtout dans des environnements hétérogènes.

Certains cas de figure appellent une vision d’ensemble. Avec df --total, on obtient un récapitulatif global de l’utilisation du stockage, toutes partitions confondues. Pratique pour évaluer en une seule commande si une machine approche de ses limites.

Dans des contextes de virtualisation ou de serveurs à multiples disques, la commande suivante permet de personnaliser l’affichage :

df -h --output=source,size,used,avail,pcent

Adapter la sortie à ses besoins permet d’aller droit au but, sans se perdre dans un trop-plein d’informations. C’est là tout l’intérêt des options avancées de df : elles s’ajustent à la réalité du terrain, et aux défis concrets des administrateurs.

commande terminal

Résolution des problèmes courants avec df -h

Même les outils les plus fiables réservent parfois quelques surprises. df -h ne fait pas exception, et il arrive que certains obstacles viennent brouiller la lecture des espaces de stockage. Quelques situations typiques et comment les désamorcer rapidement.

Le système de fichiers n’apparaît pas dans la sortie df -h

Si un volume attendu n’est pas listé, il peut s’agir d’un oubli de montage ou d’une erreur dans le fichier /etc/fstab. Deux vérifications s’imposent :

  • Confirmer que le système de fichiers est bien monté à l’aide de mount.
  • Inspecter le fichier /etc/fstab pour traquer une éventuelle faute de frappe ou une mauvaise configuration.

Les valeurs d’utilisation ne sont pas à jour

Il arrive parfois que l’espace libre affiché ne corresponde pas à la réalité, notamment après des suppressions massives de fichiers. Pour remettre les compteurs à zéro :

  • Lancer sync pour forcer l’écriture des données en attente sur le disque.
  • Si le volume utilise ext4, un contrôle avec e2fsck -f en mode single user peut corriger d’éventuelles incohérences.

Incohérences entre df -h et du -sh

Un cas qui intrigue souvent : la différence d’affichage entre df -h et du -sh. Cela survient fréquemment lorsqu’un fichier supprimé reste ouvert par un processus. Pour identifier la cause :

lsof +L1

Terminer les processus concernés libérera enfin l’espace. C’est une astuce qui permet d’éviter de mauvaises surprises lors de la gestion de serveurs très sollicités.

En somme, bien connaître ces situations et les solutions qui vont avec, c’est s’armer pour que la gestion du stockage reste fluide, même lorsque la technique cherche à jouer les trouble-fête. Garder la maîtrise de df -h, c’est garder les clés du système. Si le disque est le cœur d’un serveur, df -h en surveille les battements, prêt à avertir au moindre accroc.

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